Pigiste et Travailleur Autonome — Démarrage en ligne
Pigiste
Comprendre le terme « pigiste » au Québec
Le mot « pigiste », bien qu’issu du monde du journalisme en France, a pris au Québec un sens beaucoup plus large. Il désigne aujourd’hui une personne travaillant à la pige, c’est-à-dire un travailleur autonome ou entrepreneur incorporé qui offre des services professionnels à des entreprises, souvent dans les domaines du numérique, de l’informatique, du design, de la rédaction, du marketing ou de la consultation.
Définition générale
Au Québec, un pigiste est un travailleur indépendant qui vend son temps, ses compétences ou ses livrables à un ou plusieurs clients, sans lien d’emploi direct. Il n’existe pas de statut juridique précis du pigiste dans la Loi sur les normes du travail ou le Code civil du Québec : le terme est usuel, non légal.
Pigiste incorporé (société par actions)
Le pigiste incorporé, quant à lui, exerce ses activités par l’intermédiaire d’une société par actions, entité juridique distincte de sa personne. Cette structure ouvre la porte à un régime fiscal beaucoup plus souple et avantageux, notamment grâce à la déduction pour petite entreprise (DPE) prévue par la Loi de l’impôt sur le revenu.
La société paie un impôt sur ses bénéfices imposables à un taux combiné de seulement 12,2 % au Québec (soit environ 11 % fédéral et 1,2 % provincial) sur la première tranche de 500 000 $ de revenu actif admissible. Ce taux préférentiel constitue l’un des piliers du régime fiscal canadien pour les PME.
L’un des principaux avantages du pigiste incorporé réside dans la souplesse de rémunération : il peut choisir de se verser un salaire, des dividendes, ou une combinaison des deux, selon l’optimisation fiscale souhaitée.
Le salaire est déductible pour la société, ouvre droit aux cotisations RRQ et REER, et permet de réduire le bénéfice imposable de la société.
Le dividende, quant à lui, n’est pas déductible, mais il bénéficie d’un crédit d’impôt pour dividendes qui réduit considérablement l’impôt personnel, et il est exempté de charges sociales.
De plus, les profits non distribués peuvent être laissés dans la société afin de reporter l’impôt personnel, permettant ainsi une meilleure gestion de trésorerie et une capitalisation des bénéfices à long terme.
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Travailleur autonome
Le travailleur autonome exerce ses activités à titre individuel, sans personnalité juridique distincte. En conséquence, l’ensemble des revenus tirés de son entreprise sont considérés comme un revenu personnel et doivent être déclarés dans sa déclaration de revenus T1 (fédérale) et TP-1 (provinciale).
À ce titre, il est imposé selon les taux marginaux progressifs applicables aux particuliers, qui peuvent atteindre jusqu’à 53 % au Québec lorsque l’on combine les paliers fédéraux et provinciaux. Contrairement aux sociétés par actions, le travailleur autonome n’a aucune possibilité de report d’imposition : son revenu net est intégralement imposé au cours de l’année où il est gagné.
De plus, le travailleur autonome doit s’acquitter de la cotisation au Régime des rentes du Québec (RRQ), au taux de 10,8 %, jusqu’au maximum des gains admissibles. Cette cotisation, bien qu’elle donne droit à des prestations futures, représente une charge supplémentaire significative pour les revenus plus élevés.
En matière de déductions, les dépenses admises sont celles directement liées à l’exploitation de l’entreprise : loyers, fournitures, déplacements professionnels, amortissements d’équipement, etc. Toutefois, les marges de manœuvre demeurent plus restreintes que pour une société par actions.
Ce qui distingue principalement le revenu d’un salarié ou d’un travailleur autonome de celui d’un pigiste exerçant sous sa société par actions est le taux d'imposition où le pigiste bénéficie du régime d’imposition des sociétés, souvent plus avantageux que celui des particuliers.
| Type de travailleur | Statut juridique | Imposition | Déductions autorisées | Cotisations sociales |
|---|---|---|---|---|
| Employé | Personne physique | ≈ 26% à 53.31% (Impôt personnel) | Très limitées | Obligatoires (RRQ, AE, CNESST, RQAP) |
| Travailleur autonome | Personne physique ou Entreprise individuelle | ≈ 26% à 53.31% (Impôt personnel) | Larges (frais de bureau, véhicule, logiciels, et autres) | Obligatoires (RRQ, RQAP) |
| Pigiste incorporé | Société par actions | ≈ 12,2% à 26,5% (Impôt corporatif) | Très larges (toutes dépenses d’affaires raisonnables) | Facultatives |
Ainsi, en se payant par sa société, un pigiste peut bénéficier d’un taux d’imposition combiné beaucoup plus bas qu’un employé, parfois de 2 à 3 fois inférieur, selon la structure de revenus et de déductions.
Organisation du travail
Contrairement à la perception classique du pigiste « occasionnel », de nombreux professionnels au Québec occupent des mandats à long terme, souvent 35 à 40 heures par semaine, pour un seul client. Ils peuvent être intégrés à des équipes permanentes tout en conservant un statut contractuel.
Ils travaillent souvent sur des mandats en technologies de l’information (TI), en gestion de projets, en communication, ou encore en conseil en entreprise.
Les clients (souvent des ministères, universités ou grandes entreprises) engagent des pigistes pour éviter la lourdeur administrative du salariat (charges sociales, syndicalisation, permanence).
En contrepartie, le pigiste assume ses propres risques, sa facturation, ses vacances, et sa planification fiscale.